Centre d'étude et de documentation

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Centre de recherche, de formation, de conservation et de documentation de la Communauté française


lundi 28 juillet 2014

La Planète des Singes de Pierre Boulle

   Il y avait plusieurs éléments baroques, certains horribles, dans le tableau que j'avais sous les yeux, mais mon attention fut d'abord retenue tout entière par un personnage, immobile à trente pas de moi, qui regardait dans ma direction. 
   Je faillis pousser un cri de surprise. Oui, malgré ma terreur, malgré le tragique de ma propre position - j'étais pris entre les rabatteurs et les tireurs -, la stupéfaction étouffa tout autre sentiment quand je vis cette créature à l'affût, guettant le passage du gibier. Car cet être était un singe, un gorille de belle taille. 

A l'occasion de la sortie mercredi de la Planète des Singes : l'Affrontement, venez redécouvrir l'origine du mythe à la BiLA ! Avant qu'il ne soit trop tard...

lundi 14 juillet 2014

Focus sur Robert Bloch

"[...] A l'heure actuelle j'existe, plutôt que je ne vis, à Milwaukee, Wisconsin. J'ai écrit et vendu des récits de weird fiction depuis l'âge de 17 ans, mais je commence seulement à écrire de la science-fiction. Plusieurs de mes textes de S-F sont cependant apparus dans des fanzines où ils ont été accueillis par une indifférence glacée. Afin de satisfaire la curiosité morbide des lecteurs, je suis grand, brun, laid, j'ai tout le charme et la personnalité de la vipère des marécages. Je m'intéresse à la littérature contemporaine, à la psychologie, à la thaumaturgie et à la métaphysique. Je passe tout mon temps libre à manger et à dormir. Quant à mon attitude générale vis-à-vis de la vie, elle est tout à fait impartiale : je hais tout." Quand il se décrit dans le numéro d'août 1938 de Amazing Stories, Robert Bloch n'a encore que 21 ans, une jolie carrière qui l'attend et de jolis débuts derrière lui. 


Né le 5 avril 1917, Robert Bloch se passionne pour le fantastique en découvrant, à 8 ans, Lon Chaney méconnaissable dans Le fantôme de l'opéra de Rupert Julian. A dix ans, il découvre le magazine Weird Tales où écrit un certain H.P. Lovecraft qui fascine Bloch au plus haut point. Ce dernier entamera d'ailleurs une liaison épistolaire avec Lovecraft, qui encouragera Bloch à persévérer dans l'écriture et d'alterner dès lors nouvelles et romans, policiers et fantastiques.


C'est en 1957 que Robert Bloch découvre « l'affaire Ed Gein », un tueur en série qui créait des vêtements avec la peau de femmes qu'il éventrait et démembrait. Touché autant par la proximité géographique que par la curiosité de la folie de l'acte, Bloch s'intéresse à ce personnage hors norme et en tire le roman Psycho, son oeuvre la plus célèbre grâce à l'adaptation cinématographique d'Alfred Hitchcock qui sera l'un des plus grands succès critique et commercial du cinéaste.

Partageant son temps entre ses romans, nouvelles et une carrière de scénariste au cinéma et en télévision, Robert Bloch décède le 23 septembre 1994, auteur d'une oeuvre teintée d'étrange, de morts et de fantastique malsain qui, comme sous l'effet d'un maléfice faustien, n'a pas pris une ride.



A l'occasion des 20 ans de sa disparition, la BiLA organise un focus sur l'auteur, où vous pourrez retrouver différents ouvrages mais également des entretiens d'époque de Robert Bloch et Alfred Hitchcock sur la création de Psycho. Dépêchez-vous, c'est du 14 juillet au 16 août 2014 !

mardi 8 juillet 2014

Une série de tueurs d'Axel Cadieux

A la veille de notre focus sur Robert Bloch, auteur entre autres de Psycho (du 14 juillet au 16 août), la BiLA vous propose un petit cours de rattrapage sur les serial killers au cinéma. Mortel !


Résumé : Qui était Harry Powers, le tueur de femmes et d’enfants, incarné à l’écran par Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur ? Jusqu’à quel point Ed Gein, "le boucher de Plainfield" a-t-il inspiré Massacre à la tronçonneuse ? L’Inspecteur Harry, film pivot dans la carrière de Clint Eastwood, ne doit-il pas énormément au tueur du Zodiac, jamais retrouvé ? Les exemples sont légion. La fascination du cinéma pour les serial killers est aussi ancienne que lui. Simple affaire de promotion ? Exorcisme des traumas d’artistes ? Déguisement de la critique sociale en fait divers ? Axel Cadieux raconte en onze chapitres ces terrifiantes et souvent sordides histoires de cinéma.

Avis : Si une certaine presse n'a eu de cesse, depuis les origines du cinéma, de faire des raccourcis douteux entre films d'horreur et violence réelles, Axel Cadieux démontre par A + B que la vérité est souvent autre. A lire l'essai, on se rend compte qu'Hannibal Lecter ou Leatherface sont relativement sages par rapport à leurs sources d'inspiration, psychopathes débordant d'imagination dans le malsain et le morbide.

Si on regrette que l'analyse ne soit jamais réellement présente, l'auteur se concentrant davantage sur des analogies que sur une étude comparative, force est de constater que Une série de tueurs se vit comme un film d'horreur, galerie de fous dangereux s'entremêlant dans un bain de sang et de violence qui rappelle que l'être humain se suffit à lui seul comme source d'inspiration effrayante. Rien de bien étonnant que le cinéma aille puiser, pour le meilleur et pour le pire (et parfois le rire, comme Arsenic et vieilles dentelles) dans un vivier incroyable de têtes coupées et autres frustrés sexuels. Un essai court mais percutant, comme un bon film d'horreur en somme.



Une série de tueurs. Les serials killers qui ont inspiré le cinéma.
Essai d'Axel Cadieux
Editions Capricci

Disponible à la BiLA

mardi 1 juillet 2014

Under the skin de Jonathan Glazer

Jusqu'au 29 juillet, le cinéma Sauvenière de Liège propose de découvrir Under the skin, le nouveau film de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson. Une oeuvre atypique que la BiLA n'est pas peu fière de mettre en avant !

Nul besoin de décrire ici le film, sous peine d'en gâcher le plaisir de la subtilité et du non-dit. Disons simplement qu'Under the skin raconte l'histoire d'une femme, prédatrice sexuelle à plus d'un titre, chassant l'homme (ou l'Homme, au choix) au gré de ses envies. Derrière ce pitch conventionnel et largement vu au cinéma (ne citons que La Mutante de Roger Donaldson comme référence) se cache pourtant un ovni cinématographique, un objet visuel peu banal porté par une actrice sublime de faux naturel.

Les cinéphiles comme les amateurs de réseaux sociaux n'auront pas manqué le coup marketing formidable du film, à savoir des images du film montrant, de face, Scarlett Johansson intégralement nue. Cette pointe d'iceberg, assurément voyeuriste, cache tout autre chose : Scarlett Johansson est dans Under the skin un objet sexuel dessexué, un fantasme charnel rendu presque terne par sa froideur et son absence totale d'émotion. Le corps de Scarlett est d'ailleurs à l'image du film : ambigu, à la fois sensuel et glacial, fascinant et déroutant, suscitant l'envi alors qu'il reste continuellement à distance.


Jonathan Glazer, réalisateur de clips (Radiohead, Massive Attack, Blur) mais surtout de films délicieusement originaux (Sexy Beast et Birth), apparaît comme un plasticien post-moderne, mélangeant Kubrick et le documentaire (les rencontres de Johansson et des hommes est en caméra cachée), rappelant le curieux Rencontres d'après minuit de Yann Gonzalez et des séries B SF intelligentes des années 50. Le résultat est une oeuvre indescriptible, presque palpable, un cinéma d'émotions avant la réflexion, et la confirmation de deux talents que l'on a trop sous-estimé.